Les voyages ainsi que la vie en collectif m'ont permis de croiser, vivre avec, des personnes venants d'horizons divers. «Grandes gueules, cyniques, déluré.e.s, poétiques...» Toustes plus touchant.e.s les un.e.s que les autres et surtout si semblables dans leurs différences criantes. En chacun.e.s, j'ai pu découvrir un peu de moi même. Ils et elles ont inspiré la série «Entre vous et moi», une série de portraits dessinés sur fond de collage et de texte.

Une autre série s'intitule «Des mots , des livres, des mots délivrent des maux». On y retrouve encore des personnages sur fond d'écriture mais cette fois, les collages sont fait à partir de bouts de journaux et les phrases sont souvent inspirées de dictons, d'expressions ou tout du moins d'associations de mots, entrées dans l'identité commune. Ici, c'est à nous toustes que je fais allusion, nos peurs, nos paradoxes, nos folies. Des bouts de journaux arrachés et recollés ensemble pour créer une nouvelle image. Des bouts de nous en lambeaux qu'on essaie patiemment de recoller entre eux pour continuer d'avancer. Recoller les morceaux pour se libérer de ses maux, peut-être grâce aux mots... Toustes face à notre besoin de résilience.

Une troisième série , «Silhouette» parle encore de nous, nous dans la société ou plutôt je dans la société. Les silhouettes sont découpées dans des fonds abstraits, plusieurs viennent du même, elles sont en quelque sorte liées par lui mais elles s'en détachent pour devenir uniques. Elles montrent que bien que différent.e.s, nous sommes toustes constitué.e.s de la même matière mais elles sont aussi là pour prôner la singularité. Elles préviennent du danger de la norme, de la masse. Elles crient leurs différences tout en soulignant leur appartenance commune.

Une quatrième série, «Qui aurait pu s’imaginer que le temps ce serait si vite écoulé?», mélange art graphique des années trente et papier à motifs contemporains. Un pont entre deux âges, mêlant nostalgie et renouveau. Des titres rappelant des chansons populaires, parfois en les travestissant au goût du jour. Des toiles qui mettent en lumière l’intemporalité de sujets sociétaux et qui pointent du doigts la (trop) rapide évolution de l’humanité… Une série qui questionne indubitablement notre rapport au temps.


Dans toutes ces séries, c'est la place de l'humain dans la société qui est questionnée. Le choix de la technique est apparu naturellement, ce n'est qu'après coup que j'ai pu le conscientiser. Il n'est en effet pas anodin d'avoir privilégié le découpage, l'arrachage plus particulièrement, et le collage. J'imagine que c'est ainsi que je perçois nos vies, des bouts de souvenirs, des bouts de mémoire qu'on oublie parfois consciemment ou non, comme on arracherait une photographie et des morceaux qu'on retrouve, qu'on décide de recoller, tous ces petits riens qui nous identifient, qui nous dessinent, qui fond qu'on existe au milieu de cette masse grandissante et toujours plus écrasante.

Je terminerai par ces quelques phrases qui illustrent mon travail:


Nous sommes vous.


Vous êtes nous.


Vous êtes le miroir dans lequel je nous aperçois.